Avant d'être enceinte, il y a un
truc que je trouvais vraiment (mais vraiment) naze, c'était
les papotes entre parents. Je ne comprenais pas le besoin qu'avaient
certains parents qui étaient déjà parents à
longueur de journée de venir encore prendre sur leur temps
libre pour parler du fait d'être parent.
Aujourd'hui je me dis que ma vie de
mère n'aurait pas été aussi belle qu'elle l'est
aujourd’hui sans ces papotes, elles ont juste changé ma vie.
C'est une erreur d'annonce dans le
journal local qui m'a amené à ma première papote
(comme quoi, parfois, c'est utile...), au tout début de ma
grossesse. Le journal indiquait une conférence, qui s'est
avérée être une discussion entre parents. Le
thème portait sur la grossesse et la naissance autrement. J'y
ai recueilli beaucoup de témoignages et d'information, c'est d'ailleurs
grâce à cette rencontre que j'ai fait des séances
d'haptonomie prénatale.
Mais je ne me voyais pas réitérer l'expérience.
Pas que ça à faire non plus, hein ? Et puis ça
parlait cododo, maternage proximal, éducation sans violence...
Houlàààà, trop pour moi ça !
Je n'étais pas prête.
Puis ma fille est arrivée, et
avec elle des pleurs - à longueur de journée, de la
solitude - écrasante, de l'épuisement, du doute, du
découragement. Mon allaitement notamment se passait mal et au
bout d'un mois, ne trouvant pas de solution auprès des
« experts », j'ai toqué à la
porte de la Leche League. J'ai donc été conviée
à une papote. Et là,
j'ai compris. J'ai compris l’intérêt de ces
rencontres. Je suis retournée papoter à la Leche, à la
maison des jeux, dans cette association que j'ai découverte
enceinte, et j'en ai même organisé à la maison.
Pourquoi ?
- J'y ai trouvé du soutien,
de l'entraide :
parce que de maman à maman, malgré nos différence,
il y a ce fil rouge qui nous lie toutes, cette expérience de
la maternité, ces moments par lesquels on est toutes passées
qui fait que l'on comprend. Jamais, auprès de quelconque
professionnels, si sympathiques soient-ils, je n'aurais trouvé
autant d'empathie.
- j'y ai trouvé de l'écoute :
parce que dans une papote de parents, on peut tout dire, en toute
confiance, on sait qu'on ne sera pas jugé, car on est pas là
pour ça.
-j'y ai trouvé de
l'information : bien plus qu'auprès des
professionnels ! Mon allaitement fut sauvé par des mamans
qui m'ont appris que j'avais trop de lait quand les professionnels me
disaient que j'en manquais, ou qu'il fallait que j'arrête à
la reprise du travail.
Mon portage en écharpe fut
sauvé par des mamans quand un professionnel m'avait dit de
mettre ma fille de 5 mois dans un youpala à la place.
La diversification autonome et consciente, la motricité libre, l'éducation
sans violence, la pédagogie Montessori et autres
pédagogies « « « alternatives » » »,
tout ce qui fait mon bonheur de maman au quotidien, tout vient de ces
papotes.
Je n'aurais de moi-même jamais
ouvert un livre sur ces sujets. Mais les discussions, les partages
d’expérience, les témoignages, le fait de voir ces
parents et ces enfants, c'est ce qui m’a mené ici
aujourd’hui.
Il est possible aussi tout simplement
de trouver des parents qui ont vécu un problème en
particulier que vous affrontez et son témoignage peut vous
être utile : une relation difficile avec votre conjoint,
un enfant allergique, peu intégré à l'école,
mal dans sa peau, etc.
-j'y ai trouvé de la force :
parce qu'en France au 21ème siècle, quand on allaite
son enfant passé 6 mois, quand on refuse les claques et les
punitions, quand on refuse de laisser pleurer son bébé,
quand on refuse les jouets à pile, on doit
constamment se justifier, on doit constamment affronter
l'incompréhension, voire la pression, voire le jugement des
autres. Alors ça fait du bien de venir se ressourcer dans des
rencontres où presque
tous les bébés
sont portés en écharpe, où l'on peut allaiter
sans gêne, où l'on peut interrompre une conversation le
temps de répondre à son enfant sans qu'on nous regarde
de travers, où ça n'étonne personne que ton
enfant dorme avec toi ou que tu utilises le langage des signes avec lui/elle.
- j'y
ai trouvé une place :
car à mon tour je peux partager mon expérience pour
aider d'autres mamans et ça aussi ça fait du bien. Si
mon témoignage peut aider une maman à se sentir mieux,
à réussir son allaitement, à déculpabiliser,
à trouver de la force, alors je me sens heureuse. Je peux
être, comme je tente de le faire ici, un maillon de la chaîne
qui rend meilleures les relations parents/enfants.
- j'y
ai trouvé des rencontres :
tout simplement, des mamans avec qui j'ai sympathisé, échangé,
et qui sont précieuses à mes yeux aujourd’hui.
Je m'étais souvent demandé
à l'époque comment faisaient nos grands-mères qui
ne bénéficiaient pas de tout le confort que nous avons
? Mais nos grands-mères n'étaient pas seules !
La solitude c'est le fléau de la maman. Nos ancêtres
vivaient en famille, les femmes avaient vu des mamans élever
leurs enfants avant d'être mamans elles-mêmes et dans les
moments de fatigue, de doute, il y avait leur mère où
leur grand-mère qui étaient là.
La mère moderne est seule,
désespérément seule, face à toute une
bardée de personnes qui savent mieux qu'elle ce qui est bon
pour son enfant. Ces papotes remplacent cette proximité
ancienne que nous avons perdu et qui est
pourtant si importante.
Alors je vous
invite à passer la porte : un atelier, une réunion
thématique, une association de parents, un café de
parents, un lieu de rencontre ou de jeux pour les enfants, des
réunions informelles que vous aurez organisées. Il y a
de nombreuses occasions. Que vous soyez adepte de la parentalité
positive ou non d'ailleurs.
Hé, fallait bien que mon premier commentaire post-résurrection du blog tombe sur ce billet😀. Auquel j'adhère totalement, tu t'en doutes - et pour mise en pratique très prochaine...
RépondreSupprimer;-)
SupprimerJe profite de cet article ressuscité pour te faire un aveu. La solitude en tant que maman je l'ai bien vécue aussi avec mon fils qui pleurait, pleurait, pleurait... J'ai aussi découvert les papotes qui m'ont fait du bien (elles ont remplacé les soirées avec les potes qui se sont raréfiées elles ...). A la naissance de ma fille je me croyais plus forte, plus sûre de moi. Et puis il y a eu cette semaine où j'étais seule avec elle, semaine pendant laquelle elle a pleuré, pleuré, pleuré. Un soir, j'avais vraiment besoin de parlé à quelqu'un. Je ne voyais pas qui appeler : ma mère ? trop loin et trop ma mère, ma soeur ? trop sur le point d'accoucher... les premières personnes qui me sont venues à l'esprit c'est vous : Charlie et toi. Me suis sentie moins seule... mais toujours pleine de doutes... Et j'ai pesté contre moi de ne pas avoir le courage de toquer chez les voisines, toutes les deux mamans de touts petits, juste pour demander un peu d'aide, un peu de temps ensemble même si on ne se parle pas souvent et qu'on n'a pas la même vie...
RépondreSupprimerMais je le connais cet article !!!
RépondreSupprimerIl vient de ton ancien blog ?? Alors j'avais déjà du y faire un petit tour car je me rappelle très bien de tout ce que tu avais écrit, ça m'avait beaucoup parlé d'ailleurs !