Si
on m’avait dit il y a 3 ans que j’allaiterai une gamine de 2 ans
3/4, j’aurais eu du mal à le croire.
Mais
si on m’avait dit que j’allaiterai en étant enceinte, et que je
me préparerais à un éventuel co-allaitement, là je crois que je
ne l’aurais pas cru.
Et
pourtant…
Rien
de prémédité ni de calculé. Je reste sur mon idée qu’un
allaitement se vit au jour le jour, et qu’il n’y a pas de règles
à suivre. Je suis juste enceinte, avec une fille qui n’a pas envie
d’arrêter de téter et il se trouve que j’y prends toujours du
plaisir. Point.
Mieux
vaut être prévenue
Par
contre, au hasard de mes lectures bloguesques et grâce à des
témoignages de mamans, j’ai su qu’un allaitement pendant une
grossesse n’est pas toujours chose aisée.
Sur
le plan « technique », on peut allaiter en étant
enceinte.
Au cours de la grossesse, le corps se remet à zéro et produit du colostrum. La nature faisant bien les choses, c’est le nourrisson qui prime. On ne le prive donc pas de quoi que ce soit comme j’ai pu encore le lire récemment. La lactation s’adapte aux deux enfants, comme ce serait le cas pour des jumeaux.
Au cours de la grossesse, le corps se remet à zéro et produit du colostrum. La nature faisant bien les choses, c’est le nourrisson qui prime. On ne le prive donc pas de quoi que ce soit comme j’ai pu encore le lire récemment. La lactation s’adapte aux deux enfants, comme ce serait le cas pour des jumeaux.
Je vous renvoie à l'habituelle et si précieuse documentation de la LLL sur le sujet :
Après,
sur le plan du vécu c’est autre chose…
Une des animatrices de mon groupe LLL qui cumule pourtant 10 ans d’allaitement avec 4 enfants m'avait un jour témoigné de son désamour de l’allaitement pendant la grossesse.
Encore récemment, elle
témoignait à une maman des gênes occasionnées et des complications en ces termes : "Oui [allaiter et être enceinte est possible] mais ce ne sera plus jamais la même chose qu'avant la grossesse: forte irritation (nerveuse), rejet envers l'aîné qui tète, baisse de lactation voire tarissement, mamelons douloureux ou sensibles (provoquant un fort sentiment d'agacement surtout lorsque l'enfant tétouille), et au dernier trimestre avec le colostrum l'enfant peut avoir les selles liquides car c'est laxatif."
Ce n'est pas pour te dissuader, mais juste pour ne pas imaginer à tort que ce sera un allaitement facile, nourrissant et épanouissant comme celui que tu vis en ce moment. Est-ce que l'aîné serait prêt à supporter une baisse de lactation radicale, des tétées moins longues et moins fréquentes ? Est-ce que la maman imaginerait son aîné se sevrer dans quelques semaines ? etc... Ce serait de bonnes questions à se poser."
...Ca calme, hein ? ;-)
Même
son de cloche sur le co-allaitement sur ce blog-ci :
Working
mama, qui écrivait pourtant un super article engagé sur
l’allaitement du bambin témoigne ici de son vécu pas vraiment
rose sur le co-allaitement.
Un
troisième article sur un blog que j’aimais beaucoup (aujourd’hui
en accès privé) témoignait d’un sevrage non désiré provoqué
par l’arrêt momentané de la lactation de la maman (lors de la
période de « remise à zéro » la lactation peut baisser
jusqu’à s’arrêter complètement). Ceci avait eu pour effet de
sevrer le fils aîné de cette maman, assez déçue que ce dernier
n’ait pas pu choisir lui-même le moment de son sevrage (en fait,
il a repris après la naissance de son petit frère au grand bonheur de la maman). Son témoignage,
qui aurait pourtant pu choquer les réfractaires à l’allaitement
long était vraiment très beau et je regrette de ne pouvoir le
partager ici.
Bref,
beaucoup de vécus divers et variés mais qui m'ont fait me préparer à ce que ça ne se passe pas comme sur
des roulettes.
Mon
vécu,... jusque ici (grossesse en cours)
Mais comme souvent, on a beau être préparée, quand ça vous tombe
dessus, ça surprend quand même.
J’ai ressenti en effet de vives douleurs dans les seins qui sont beaucoup plus sensibles. Et cette sensation de « rejet » du grand, je l’ai ressenti également. Ce qui était très perturbant pour moi c’est qu’il y avait une dissonance totale entre le « physiologique », et le « psychologique ».
De nombreuses mamans que j’ai entendu témoigner ou que je connais en ont tout simplement marre d’allaiter à ce moment. Après des années d’allaitement, elles ressentent le besoin d’arrêter et leur plus gros problème est de le faire sans trop brusquer le bambin.
Moi,
non. Mon corps rejetait, mais mon esprit pas du tout. Je n’avais
pas vraiment envie d’arrêter, j’avais juste envie que ça se
passe sans douleur. J’ai presque regretté qu’il en fut ainsi
parce que j’aurais tout « simplement » sevré Minimog
si mon cœur avait choisi le même chemin que mon corps. Donc j’étais
très embêtée et désœuvrée avec tout ça.
J’ai
alors choisi de prendre du recul et d’accueillir ces sensations
contradictoires qui m’assaillaient. Je n’en ai plus voulu à mon
corps d’avoir ces réactions.
L’animatrice dont je parlais m’avait dit un jour : « un bébé en chasse un autre ». Ça m’avait heurté à l’époque, je trouvais ça un peu brutal comme formulation, mais là j’ai compris. Ma fille grandit, l’allaitement touche à sa fin, il faut laisser la place, c’est dans l’ordre des choses.
J’ai
aussi déculpabilisé sur l’éventuelle envie de sevrer ma fille
avant qu’elle ne le fasse d’elle-même. Je suis convaincue que la
seule vraie limite à un allaitement est la même que sa source :
l’envie. Allaiter sous la contrainte ou par culpabilité n’aurait
pas de sens et si je veux apprendre à ma fille le respect de soi, je
dois commencer par moi-même. Je me suis dit que si un jour je
ressentais l’envie d’arrêter, je devrais le faire sans m’en
vouloir. Et le temps d’allaitement n’a rien à voir là-dedans.
Ayant fait la paix avec ces questions, j’ai su que non, je n’avais pas encore envie d’arrêter d’allaiter, mais par contre, j’ai cessé d’allaiter à la demande. Déjà, j’ai imposé des conditions de confort comme d’allaiter couchée la nuit, d’allaiter dans le canapé et pas par terre par exemple. Et il m’arrive de refuser une tétée si je n’en ai pas envie. Je fais en sorte que chaque tétée reste un plaisir partagé, ça me semble important pour donner du sens à cet allaitement. Les tétées sont aussi moins longues qu’avant et le tétouillage me dérange beaucoup donc je le tolère moins. Il me suffit le plus souvent d’exprimer ma douleur à ma fille pour qu’elle s’arrête. Parfois je dois un peu insister, mais ça se passe plutôt bien. Au début j’ai eu quelques réactions violentes : morsures, tapes, que j’ai traité avec bienveillance et fermeté et c’est passé rapidement.
Le plus dur en fait, ce furent les réactions de mon entourage.
Je n’ai
par chance pas eu à beaucoup subir de remarques au sein de ma
famille sur la question de l'allaitement. Je pense que beaucoup ne comprennent pas mon vécu mais ils
se gardent bien de juger. Mais à l’annonce de ma grossesse, une
pluie de questions s’est abattue sur moi : "Alors tu vas arrêter ?"
- "Tu devrais la sevrer avant la naissance du bébé, non ?" – "comment tu
vas faire ?" - "Tu ne vas pas pouvoir", etc. La plupart n’étaient
que des questions, dues à un manque d’information, mais leur
ampleur m’a un peu déroutée et surtout, mon conjoint, qui m’a
toujours suivi jusque là, fut le plus réfractaire.
J’ai minimisé en disant que si je la sevrais brutalement, elle aurait de la rancœur contre le bébé à venir et que je préférais faire ça progressivement. En fait je n’en savais rien, j’ai dit ça pour faire consensus. Depuis lors, il ne dit plus rien mais ne rate pas une occasion de limiter les tétées.
J’ai minimisé en disant que si je la sevrais brutalement, elle aurait de la rancœur contre le bébé à venir et que je préférais faire ça progressivement. En fait je n’en savais rien, j’ai dit ça pour faire consensus. Depuis lors, il ne dit plus rien mais ne rate pas une occasion de limiter les tétées.
Entrée à l’école, naissance du bébé, âge. Tant de choses peuvent encore arriver avant l’arrivée de bébé 2. Certains enfants sont très demandeurs à l’arrivée du bébé, certains s’arrêtent d’un coup pour se différencier, certains tétouillent un peu quelques mois puis s’arrêtent, certains qui étaient sevrés se mettent à réclamer de nouveau. Les situations sont si multiples que j’ai pour ma part choisi de ne pas prendre les problèmes par anticipation. J’aime encore allaiter ma fille, elle de son côté en ressent encore le besoin, nous avons trouvé nos marques pour que ça se passe bien dans un consensus mutuel. Donc c’est une aventure qui continue chez nous pour l’instant.
Mais
soyez prévenues si la situation vous pend au nez : un allaitement
pendant la grossesse c’est une autre étape qui se démarque de
l’allaitement que l’on a vécu jusqu’alors.
Je trouve que c'est un super article qui montre bien que le vécu, l'intime, c'est complexe, et que les normes qui prescrivent, les "il faut" et les "on dit" sont souvent à côté de la plaque ! J'avais pour ma part été très marquée par l'article de working mama que tu cites, et des nombreux témoignages en commentaires. Je n'ai jamais ressenti de violence à l'égard de mon fils et en ressentir peut-être un jour m'effraie énormément, même si ce n'est que "physiologique ! Pour l'instant je me dis que j'ai plutôt envie de clore l'histoire d'allaitement avec un enfant avant d'en entamer une nouvelle avec un second enfant, mais je sais que les choses évoluent, l'essentiel étant, comme tu le dis, de rester à l'écoute de soit-même !
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