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mardi 23 mai 2017

Le bilan

"This is the end"
The end, The Doors.


Une décision s'est imposée à moi il y a quelques semaines et qui a mûri. Je pense que le blog va être mis en stand-by pendant.... Longtemps.
Vous l'aurez remarqué, Charlie n'écrit plus depuis pas mal de temps.
Je continuais à le faire parce que j'avais encore des choses à dire, mais je dois dire que mon burn-out a été une source de changements dans ma vie, une nouvelle prise de conscience qui a une incidence sur ce que j'écris ici.

De manière générale, cela fait un bout de temps que Charlie et moi on avait le sentiment de commencer à tourner en rond dans ce qu'on écrivait, qu'on disait sensiblement toujours la même chose mais sous des angles différents.
Contrairement à mon intention quand j'ai écrit mon premier blog, ici je n'avais guère d'autres buts que de partager nos avancées, nos réflexions, nos doutes, bref, notre cheminement vers la parentalité positive.
Non pas que l'on ait fini de cheminer - on arrête jamais - mais globalement, je crois bien que Charlie et moi avons trouvé notre voie.

Pour ma part, j'ai blogué pendant 3 ans et des poussières sur le sujet de la parentalité positive, tout simplement parce que c'était l'axe essentiel de ma vie pendant tout ce temps.
C'est là que mon burn out entre en jeu : il m'a fait comprendre que mes enfants sont les trésors de ma vie, comme tout le monde je les aime plus que tout et je veux leur offrir ce que j'ai de meilleur, mais mes enfants ne sont pas "ma vie".
Cette plongée intense dans ces questionnements, je ne la regrette pas. Comme beaucoup d'entre nous, je suis partie de rien en matière d'enfance, et j'avais tout à apprendre, à comprendre, à conscientiser.
Mais aujourd’hui je sais où je vais.

Et surtout, mon axe de cheminement aujourd'hui, il est plus large et à la fois plus centré.
Plus large parce que c'est notre mode de vie tout entier que mon mari et moi nous souhaitons changer. Nous voulons vivre dans la bienveillance générale, holistique : humaine, comportementale, écologique. En fait on l'a toujours voulu mais là on passe la troisième quoi ! ^_^
Plus centré parce que c'est sur moi aujourd'hui que j'ai besoin de travailler. A 34 ans j'ai ouvert une voie qui pour une fois, m'apporte quelque chose à l'intérieur, quelque chose de profond, de résonnant. Pas pour les autres à travers moi mais pour moi. Et si je veux pouvoir être bienveillante avec autrui, je dois d'abord l'être avec moi-même. Je suis en marche pour apprendre à dire je t'aime à la seule personne à qui je n'ai jamais su le dire : moi-même.

De plus, on peut dire que les blogs du genre ont fleuri, par centaines, tenus par des personnes qui font ça bien plus à fond que ce qu'on a toujours fait ici. La disparition de notre petite contribution ne portera donc pas préjudice à la blogosphère de la bienveillance, je n'ai pas d'inquiétude là-dessus. Le message se transmet, telle une lame de fond et la révolution viendra de nous parents, qui sommes de plus en plus nombreux à nous éveiller.

Du coup, je me suis dit que je pouvais terminer sur un petit bilan de ces 4 années de parentalité consciente. Histoire de fermer la boucle : où mon chemin m'a-t-il amené ?


La naissance

Fervente partisane de l'accouchement physiologique, j'ai pu expérimenter la grande différence entre la naissance de mes deux enfants. Les deux ont été abimées par des facteurs extérieurs mais l'accouchement de Raoudi, qui s'est fait ET préparé de manière physiologique, a été un moteur, une prise de conscience et une source d'épanouissement incroyable. Pour moi, la mère, mais aussi la femme. J'ai découvert mon corps, je l'ai respecté, écouté, choyé, j'ai été actrice de cet accouchement et j'ai pu accoucher en conscience, avec mon enfant.
Certes ça fait "plus mal" (encore que, j'ai eu très mal pour Minimog aussi, même avec la péridurale et je l'ai moins bien vécu... en fait j'ai eu bien plus mal pour l'accouchement de Minimog) mais tout le reste est tellement plus positif que s'en est juste un autre univers.
C'est une expérience que je souhaite de vivre à toutes les mamans.


En maternage 

J'ai vraiment trouvé mon équilibre en suivant le concept du continuum tel que j'en ai beaucoup parlé. Cette idée de "parentage" centré sur le parent et non l'enfant qui vise à répondre aux besoin primordiaux du bébé sans chercher un détachement prématuré mais qui empêche l'aliénation du parent à l'enfant et réciproquement.

Cet équilibre je l'ai puisé dans des pratiques de maternage proximal telle que le portage, l'allaitement, le cododo, mais aussi dans des pratiques qui favorisent l'autonomie et l'expression de l'enfant comme les signes, la diversification autonome. Et surtout, dans une posture personnelle qui consiste à vivre ma vie sans garder les yeux rivés sur mon enfant, tout en étant disponible à ses sollicitations.

Ce dernier point a fait toute la différence entre mes deux enfants. Les deux sont débrouillards, éveillés, socialement ouverts et communicatifs, (c'est leur personnalité qui le veut, mais elle n'est en rien entravée), ils sont ancrés en eux-mêmes et ont confiance en eux.
Après Minimog est plus dépendante affectivement par rapport à son frère. Et surtout, prendre soin de mon fils est beaucoup plus limpide pour moi que ce ne le fut pour ma fille. La dépense d'énergie et d'abnégation n'est pas la même. Pour Minimog, je n'arrivais pas à me laisser d'espace pour répondre à ses besoins.
Mais je crois aussi que c'était plus facile pour moi de ne pas me laisser d'espace. Ça ne m'obligeait pas à me prendre en considération.

C'est vraiment l'erreur à ne pas faire. Mais pour le reste, je ne regrette rien et je remercie la vie de m'avoir permis si rapidement d'avoir accès à toutes ces voies que j'ai pu emprunter. 


En "pédagogie"


Ma recherche de bienveillance et ma conscience grandissante des besoins de l'enfant m'ont amené à remettre en question un fondement de notre société  : l'école. J'ai d'abord remis en question son fonctionnement, puis ses objectifs, allant jusqu'à remettre en question son utilité.
Afin de trouver des voies alternatives, je suis allée toquer à pas mal de portes : Steiner, Montessori, les apprentissages autonomes, Reggio, Mason, Froebel, Freinet, l'haptonomie et toussa.
J'en suis ressortie avec une conscience et une conviction.
Mon objectif est clair : le seul résultat qui m'importe c'est que mes enfants puissent suivre leur vocation, leur voie profonde.

Aujourd'hui, mon idéal serait que mes enfants aillent à l'école, mais que l'école change radicalement :
- pédagogies centrée sur l'enfant
- absence de notation - évaluation positive et collective entre enseignant et élève
- absence de comparaison entre les niveaux des élèves et compétition
- moins d'heures de cours
- pas de devoirs à la maison
- plus de programme par âge mais une classification par niveau d'aptitude
- une valorisation de toutes les formes d'intelligence et pas seulement verbale et scientifique
- un fonctionnement démocratique
- apprentissage en extérieur dès que possible
- une plus large palette d'activités.
- une valorisation de l'autonomie des enfants
- une implication des enfants accrue dans la vie scolaire
- qu'on cesse ce foutu mensonge qui consiste à faire croire qu'on va à l'école pour trouver du travail et que 80% de bacheliers c'est valorisé dans le monde du travail.
- qu'on cesse de niveler les apprentissages : "le dessin c'est moins important que les maths" - "aller en CAP c'est parce qu'on est trop bête pour aller en cursus général", etc.
- qu'on supprime le baccalauréat et que les études supérieures soient ouvertes à tous.
- que l'on cesse d'avoir des "grandes écoles", que l'on ait que des écoles tout court pour que chaque école soit habitée d'une volonté de grandeur.
- formation des enseignants à la communication bienveillante dès leur cursus IUFM
- des classes moins surchargées, surtout en début de scolarité
... Et j'en oublie sûrement.

Bref, on en est trrèèèèèèèèèèèèèès loin ! Et c'est pas demain que ça va changer.
En attendant, on fait avec cette situation. 

Et alors à la maison ? Puisqu'il n' y a pas que l’école qui soit une source d'apprentissages.

Mes outils aujourd'hui :
- ZERO MATERIEL spécifique étiqueté pédagogie truc ou machin. Rien, nada, wallou, tchipette. Au contraire, je vide, je vide.
- Pas d'activités dirigées, rien. Pas de jeu normé, jeu libre uniquement. Ma fille va à l'école, elle a déjà sa dose, je n'ai aucune envie d'en remettre une couche à la maison. Ensuite elle n'est pas ou très, très peu demandeuse. Et enfin, je suis une adepte de la pensée Steinerienne - s'il faut lui donner une étiquette- qui veut que les apprentissages formels avant 6 ans, voir 7/8 d'ailleurs, c'est pas nécessaire. Je le pense non pas parce que Steiner l'a dit mais parce que de ce que je sais aujourd’hui du fonctionnement de la construction de l'enfant par différentes sources et surtout de ce que j'observe de mes enfants,  c'est ce qui me parait le plus juste.
- Vivre une vie riche, déjà moi-même. Une des choses qui nous a le plus apporté c'est quand JE me suis remise à faire ce que j'aimais. J'ai réalisé d'ailleurs un jour qu'il y a un tas de choses que je voulais faire faire à ma fille non pas pour elle, mais pour moi. Bien sûr mon cerveau me disait :" C'est génial de faire ça, ça va lui apporter plein de trucs, tu lui transmets tes valeurs". Mais en allant plus profond en moi j'ai découvert qu'à travers elle, c'est moi que je cherchais à combler. Aujourd'hui je parviens à être honnête avec ceci donc je fais les choses pour moi-même, mais mes enfants savent que la porte est toujours ouverte s'ils veulent entrer dans cet univers.
- vivre une vie riche en famille : en allant à la rencontre du monde sous toutes ses formes : sortir, voir des gens, se relier, visiter, admirer, prendre l'air, lâcher prise, crier, rire, sauter, danser, se faire peur, écouter, chercher,...
- les observer, chercher à savoir qui ils sont, comment ils fonctionnent, ce qui les animent, les fait vibrer pour répondre avec justesse et les accompagner dans un chemin qui leur est propre.

Évidemment, ces dispositions n'engagent que moi, je ne les considèrent pas comme une réponse absolue, elles répondent aux besoins de ma famille et de moi-même (pour certains parents, faire des activités c'est précisément ce qui les anime profondément) et répondent à une situation donnée. Bien que la scolarité de ma fille en école publique se passe très bien, mes questions restent en suspens pour la suite. Si nous étions un jour amené à pratiquer l'IEF par exemple, ma position serait peut-être différente.  


En éducation 


Déjà, j'ai mis longtemps avant de trouver ce que c'était "éduquer". C'était quoi mon rôle à moi en tant que parents ?
J'ai fini par me dire qu'éduquer, c'est "accompagner mes enfants pour qu'ils trouvent leur juste place dans le monde". Ce qui implique :
- qu'ils trouvent déjà leur place en eux-mêmes, et que leur identité profonde soit respectée et valorisée.
- Qu'ils sachent ensuite s'intégrer au monde dans lequel ils vivent en se respectant et en respectant les autres.
- Enfin qu'ils sachent porter un regard sur ce monde pour le faire évoluer en conscience, qu'ils s'en sentent acteurs.

Là aussi j'ai toqué à plein de portes : Faber et Mazlich, Gordon, Filliozat, Rosenberg, Stern et bien d'autres. J'en suis ressortie avec une bardée d'outils que 3 ans après, j'ai toujours du mal à appliquer au quotidien. Desfois ça sort, desfois non.
La théorie je la connais, les outils aussi, je les ai appris, intégré, je les cautionne... Mais je sais aujourd’hui que ce qui m'empêche aujourd'hui de les appliquer, c'est que, encore une fois, vouloir le bien de ses enfants en oubliant son propre bien, ça ne fonctionne PAS !
Si je suis crevée, mal, frustrée, bref, si moi-même je ne suis pas bien, les outils Faber-Mazlich en général, ils passent à la trappe direct.   

Voilà pourquoi aujourd’hui c'est cet aspect du problème sur lequel je m'axe.
La différence qu'il y a entre le moment où j'ai commencé à m'interroger sur ma parentalité c'est qu'au début je me focalisais uniquement sur le bien de l'enfant, et qu’aujourd’hui, je considère mon propre bien comme faisant partie intégrante du processus. Holistique, encore une fois : la famille, comme tout système, fonctionne comme un tout.

Et puis il y a l'exemplarité. Un facteur primordial qui invite encore une fois à se mettre au centre de nos actes envers nos enfants. Cette exemplarité aura donné un coup de boost phénoménal à nos convictions. On est passés du  "j'en parle" à "je le fais". Et je crois que sur ce point on a plus avancé en 4 ans, alors même que l'on est moins disponibles, que depuis le début de notre vie. Holistique : la bienveillance envers les enfant s'intègre dans un tout bienveillant envers, les autres, tous les êtres vivants, la Terre, l'Univers.


Voilà pour quoi aujourd'hui, j'arrête là pour un temps indéterminé.
Ce blog est devenu trop petit en fait ^_^
Et puis j'ai d'autres occupations : l'envie de monter un projet de bienveillance sur ma localité, écrire les mémoires de ma grand-mère, et d'autres choses analogiques, qui ne se passent pas devant un ordinateur...

J'aimerais aussi prendre le temps de faire quelque chose que j'ai assez peu fait auparavant.
Remercier toutes les personnes qui m'ont suivies. Vous étiez un moteur, une source de joie.
Les lectrices bien sûr mais surtout les mamans qui ont interagis avec moi. J'ai eu la chance d'avoir des retours de grande qualité et c'est une vraie chance. Merci à vous.
Les belles rencontres virtuelles : Etiva, Amandine, Céline, Claire et sa famille que j'espère bien revoir, Gwen et ses amours, Elsa qui m'a mis sur la voie

Je vous souhaite de belle vie avec vos enfants, dans l'amour, la tendresse et le respect, pour eux et pour vous mêmes.
Je vous souhaite un beau chemin.
Soyez vivants, soyez heureux.

Avec amour.
 
Maman'dala. 






Les caprices

Article original publié le 05/05/2014

Avant d'être maman, le caprice c'était LE truc qui m'horripilait chez un enfant. LA chose que je ne comprenais pas qu'on laisse passer. Voir ces enfants se rouler par terre en braillant à la moindre frustration ça me mettait hors de moi.

Mais qu'est-ce qu'un caprice pour la majorité des parents ?

Un désir, voire une exigence soudaine de l'enfant, habituellement considéré comme futile, que l'enfant tente d'imposer au parent et qui, s'il n'est pas assouvi ou réprimé donnera lieu à des pleurs ou des colères factices qui viseront à émouvoir ou faire craquer le parent pour le faire changer d'avis (jécriscommeundictionnaire.com).

Le caprice c'est LE concept de l'enfant tyran qui veut imposer ses désirs à son parent.
Le caprice c'est LA facette de l'enfant qu'il faut s'empresser de réprimer sous peine de la voire envahir votre relation parent /enfant et saper votre autorité.
Le caprice c'est LE moyen qu'ont les enfants de chercher à pourrir la vie de leur parent.
Le parent DOIT dire NON aux caprices sous peine que ça vie devienne un enfer !
…N'est-ce pas ?...



Tout cela part du principe que le caprice est une invention de l'enfant. Quelque chose de volontaire, de calculé. Il fait ça pour vous embêter.

Je suis pour ma part, convaincue aujourd'hui que le caprice, c'est une invention des parents.
Un mot fourre-tout pour y ranger les comportements de l'enfant qui nous gênent ou que nous ne comprenons pas et face auxquels nous sommes parfois démunis.

La différence, c'est que d'attribuer la responsabilité de cette gêne à l'enfant fait naître du ressentiment, de l'aigreur, qui conduisent précisément à la violence éducative.
Non seulement nous perdons pied mais nous en voulons à nos enfants de nous faire perdre pied, avec parfois la conviction qu'ils le font exprès.

Alors avant d'aller plus loin, posons nous ces questions :

Pensez vous, réellement, que le but de votre enfant, surtout en bas âge, est de vous pourrir la vie ?
Voyez-vous votre enfant comme la personne qui en ce monde, est le plus préoccupé par l'idée de causer votre malheur ?
Pensez-vous, réellement, que votre enfant cherche à vous voir malheureux ?

Si tel était le cas, nos enfants ne sont-ils pas nos pires ennemis ?
Si tel était le cas, pourquoi diable fait-on encore des enfants ?
Pour générer une source de conflit perpétuelle que nous devrons mater, punir, engueuler, réprimer, à longueur de temps ?

C'est vraiment ça : éduquer ?

Non, non, et non, alors allons voir plus loin. 

De la futilité du caprice :

Ce qui nous fait souvent dire que telle ou telle réaction de l'enfant est un caprice, c'est qu'on lui attribue un motif futile. 
C'est oublier bien vite que l'enfant n'est, premièrement, pas doté des mêmes capacités cérébrales que nous pour relativiser. L'enfant est un petit être « primitif » dont le comportement est fortement guidé par des pulsions. Celui de l'adulte aussi d'ailleurs, mais nous avons appris à contenir nos pulsions car nous connaissons leurs effets et conséquences.
Il vous est déjà arrivé, non ?, de craquer sur un objet de seconde nécessité, qui vous attire tellement que vous sentez sa brûlure sur votre volonté (parfois même, vous craquez. Certains adultes sont bien plus "capricieux à ce titre que bien des enfants). Si l'on s'écoutait vraiment on achèterait des magasins entiers d'affaires pas franchement indispensables. Mais vous connaissez les conséquences de cet achat hors de votre portée et vous savez être raisonnable car votre cerveau sait être plus persuasif que vos pulsions. Le cerveau de l'enfant, lui, ne sait pas faire ça, pas avant longtemps.

Qui plus est notre perception de l'univers est immensément plus large que celle de l'enfant.


Or, considérons un problème lambda : l'enfant désirais la voiture jaune qui est déjà en possession d'un autre enfant. Vous lui donnez la voiture rouge, ça ne lui convient pas, il pleure.
Voici notre problème :


Voici ce problème ramené à la perception du monde d'un adulte.
C'est une broutille



Le même problème ramené à la perception du monde d'un enfant
C'est un drame.


Qui plus est nous considérons souvent la gêne de l'enfant comme secondaire par rapport à la gêne que son caprice nous procure. Ce qui fait que l'on nie le bien fondé de sa frustration (« Tu ne vas quand même pas pleurer pour ça ! Une voiture c'est une voiture »). Mais admettons que vous commandiez une (vraie) voiture rouge. Au moment de la réception, votre voiture est jaune. Que faites-vous ? Vous vous dites « une voiture, c'est une voiture ? » Ou vous portez réclamation parce que ce n'est pas ce que vous désiriez ? Pourtant le monde ne va pas s'effondrer et vous roulerez quand même. Pour autant, vous allez râler et vous estimerez être dans votre bon droit.

Et que dire des moments où la peine de l'enfant est totalement niée (les fameuses « larmes de crocodiles ») : il fait « exprès », il fait « semblant ».





Vous pensez vraiment qu'il fait semblant ?




De la signification du caprice

On occulte aussi souvent le fait que l'objet de son désir peut ne pas avoir la même signification pour lui que pour nous. Prenons l'exemple un bébé qui « s'amuse » à vider une boite de mouchoirs pour les déchirer. Vous savez que ce sont des mouchoirs, qu'ils servent à se moucher et que d'en faire de la charpie revient à gâcher quelque chose, que vous avez payé qui plus est. Le bébé ignore la nature du mouchoir, la fonction du mouchoir, le prix du mouchoir, l'altérité du mouchoir, pour lui c'est une expérience sensorielle et la découverte de sa capacité à agir sur son environnement absolument formidable qui participe de son développement.

On prête aussi souvent à l'enfant une intention de nuire à travers le caprice. Y compris aux nourrissons.
Je suis toujours atterrée quand j'entends quelqu'un qualifier les pleurs d'un enfant de quelques mois de caprice !! Un petit être qui ignore jusqu'à sa propre existence serait en train de pleurer dans le but égoïste de s'accaparer toute l'attention de sa mère. Un bébé pleure pour rappeler sa mère à lui, oui, mais parce que c'est un petit mammifère sans aucun moyen de subsistance propre, qui dépend de sa mère en toute chose et que ses gênes l'ont programmé pour alerter sa mère dès qu'il se sent en position d'abandon. Pas parce qu'il a eu l'idée machiavélique de vouloir détourner sa mère de ses occupations !
Décréter qu'un enfant fait exprès de vous nuire par son caprice c'est lui prêter la capacité d'avoir conscience que certains facteurs sociaux vous empêche de satisfaire son désir et de projeter une intention dans le but que celle-ci ait un impact négatif sur votre vie pour que vous soyez forcée de lui donner satisfaction (oui, vous allez devoir relire cette phrase...). Un enfant ne sera en mesure intellectuelle de faire ça qu'après plusieurs années ! De plus, parfois il ne sait même pas que ça vous embête !

Par exemple, pour qu'un enfant comprenne que vous ne pouvez pas acheter tout ce qu'il veut, il faut qu'il comprenne les limites du système monétaire et économique dans lequel nous vivons. Combien de fois n'a-t-on pas entendu nos enfants répondre « ben si t'as plus de sous, va à la machine elle t'en donnera ! ». Car il est bien incapable de comprendre que la machine donne un argent virtuellement stocké dans un organisme spécialisé et qu'il n'est que utilisable dans la limite de ce que vous avez récolté par le fruit de votre travail. Pour vous, c'est évident, c'est devenu naturel. Mais ça ne l'est pas pour un petit enfant pour qui la compréhension du monde est majoritairement guidée par ce qu'il constate (magasin → blindé de jouets → donner argent → la machine donne de l'argent → où est le problème ?).

On passe aussi parfois tout simplement à côté du VRAI problème. L'enfant, surtout jeune, n'a pas forcement les moyens d'exprimer ni même de comprendre son problème. Prenons un exemple banal : si l'enfant chouine à répétition à l'heure habituelle de sa sieste, on aura tendance à se dire « Houlà, il est temps d'aller au dodo !» et l'on se montre beaucoup plus compréhensif. On a moins envie de réprimer les chouineries qui sont dues, on le sait, avant tout à sa fatigue. A quoi sert-il de s'acharner sur un enfant dont on sait que sa nervosité est provoquée par une grosse fatigue ? A rien (encore que, combien de fois peut-on entendre, même de notre propre bouche « main'nant t'arrêtes et c'est tout ! Te me saoule là ! Tu vas aller au lit de toute façon » ? tout ça pour ça...).
Il existe un tas d'autres raisons similaires mais qui nous échappent. L'enfant peut réclamer un objet car le plaisir qu'il en retire apaisera le malaise qu'il ressent pour une toute autre raison (c'est le cas du « doudou »). Ce n'est pas forcément par envie d'accumuler ou de posséder des choses. Surtout quand on sait qu'un enfant en bas âge se désintéresse assez vite d'un objet.

Pour ma part, un des gros soucis du moment est le fait que Minimog, 19 mois au moment où j'écris, n'a de cesse de se mettre debout sur sa chaise pendant les repas et qu'elle essaye de saisir elle-même toute la nourriture qu'elle voit sur la table, en en mettant partout au passage. C'est TRES énervant, et en plus ça fout la trouille, surtout au moment où nous mangeons qui est censé être un moment de détente (oui je sais, ça c'était AVANT les enfants).
Mais, il se trouve que Minimog n'a de cesse en ce moment de grimper partout : sur ses meubles, le mobilier urbain, les échelles, les toboggans, le canapé : car comme tout enfant qui se respecte elle va répéter encore, et encore, et encore sa nouvelle acquisition super géniale de pouvoir grimper partout. Un canapé ou sa chaise haute ou sa bibliothèque, pour elle, quelle différence ?
De ce point de vue, le regard fier et satisfait qu'elle me jette alors veut-il dire « Hinhin, t'as vu, je suis debout sur la chaise et ça t'embête ! » ou « T'as vu maman, je sais me mettre debout sur ma chaise ! ». Qui plus est, sait-elle qu'en France au 21ème siècle, on mange assis  sur une chaise ? Non, il va falloir qu'elle l’apprenne, comme tout ce qui est culturel.
Et avec ses capacités grandissantes, quel plaisir de devenir maître de son repas et se servir soi-même ! Faut-il attendre d'elle, à son âge, qu'elle renonce à cette liberté sous prétexte qu'elle en met partout au passage ? D'autant que c'est en faisant qu'elle apprendra, elle est donc poussée à le faire. C'est ce qui fait que malgré nos réprimandes, elle recommence.
Il y a fort à parier que si nous la faisions manger sur une table à sa hauteur, avec toute sa nourriture à portée de main (las...j'y travaille) elle ne reviendrait pas exprès grimper sur sa chaise pour le plaisir de nous narguer, car son besoin serait satisfait. Encore que si, elle le ferait peut-être, hors des repas, pour parfaire son entraînement, comme elle le fait avec un tas d'autres choses.
 

Le caprice des grands enfants 

Ce que l'on peut mettre sur le compte de la balance raison/pulsion chez un jeune enfant, on ne peut le faire pour un enfant plus grand ou un adolescent. Chez eux certains caprices sont bel et bien issus d'une volonté consciente.
Mais d'où viennent-ils si ce n'est de ce qui s'est passé avant ?

Si on lui refuse tout en le punissant, l'enfant plus grand pourra véritablement chercher à vous nuire par le caprice. Car la frustration et le ressentiment qui sont nés des interdits incompris lui donneront envie de prendre de force ce que l'on lui refuse ,voire plus, voire de chercher à se venger.

Si on lui permet tout, il finira en effet très certainement par comprendre le système du « Ce que je demande je l'obtiens », et il risque en effet d'en abuser sans limite.
Si les distributeurs de billets nous donnaient effectivement tout l'argent que nous désirions, nous nous en servirions de même, non ?


Alors que faire ?

Certainement pas céder si vous ne le désirez pas. Ce n'est même pas rendre service à l'enfant si le problème est ailleurs.

D'abord, chercher à comprendre : pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? En demandant si possible à l'enfant mais aussi en étudiant d'autres facteurs : évolution, contexte, environnement, fatigue, etc.
Accepter, laisser le droit à l'enfant de ressentir des choses que nous mêmes nous ressentons tout en acceptant qu'il ne dispose pas des mêmes moyens que nous pour y faire face.
Expliquer, exprimer vos gênes, encore et encore, plus l'enfant est jeune et plus ça mettra du temps à rentrer.
Écouter ce qu'il a à vous dire, verbalement ou non.
Adapter quand c'est possible. Trouver des solutions qui conviennent à tous.
Apaiser lorsque la colère et la frustration ont pris le dessus.

C'est mieux pour lui, et c'est mieux pour vous.
Ça ne résoudra pas tous les problèmes d'un coup de baguette magique. Ça ne veut pas dire que vous ne serez jamais énervés, ni démunis parfois. Mais vous réglerez les choses avec plus de douceur, de compréhension, sans cette désagréable sensation de dégoût de vous même parce qu'au fond vous savez que vous n'auriez pas dû hurler/céder.

Un enfant qui fait un "caprice" a besoin d'être entendu.
Un enfant qui fait un "caprice" a besoin d'être compris.
Un enfant frustré a besoin d'être réconforté.
Il n'est pas question de céder aux caprices et de laisser l'enfant faire n'importe quoi. Mais bien de reconnaître à l'enfant le droit d'avoir les mêmes envies que nous et lui apprendre dans la douceur que ses désirs ont des limites.




Pour lire un ouvrage qui vous éclaire sur le sujet je vous renvoie à l'excellent "J'ai tout essayé", d'Isabelle Filiozat.




lundi 27 mars 2017

De la bienveillance à l'enfant roi - Faudrait pas confondre....

Vous vous rappelez de cette période ignoble avec Minimog, qui m'avait conduite à la fameuse gifle ? (Non ? Ben moi si figurez-vous ^-^!)
Cette période dantesque où chaque minute passée avec ma fille était une suite ininterrompue de crises et de colères et qui m'avait amenée à plein de situations où je m'étais jurée de ne jamais arriver, tant au niveau du comportement, que des solutions à apporter. Forcément, cette période fut pour moi l'occasion d'une grosse remise en question de ma façon d'éduquer ma fille et des rapports et relations que j'entretenais avec elle et je fus bien obligée de constater que, si je clamais haut et fort que la bienveillance éducative, c'était pas l'enfant roi, j'avais néanmoins commis quelques erreurs qui m'avaient bel et bien fait basculer de ce côté !

J'ai longtemps eu envie de partager le fruit de cette introspection sans jamais trouver le chemin des mots. Le chemin s'est éclairé on dirait.
Il faut dire que ce fut un travail de plusieurs mois, qui est venu s'alimenter à différentes sources (DONT le livre du Continuum, je vous préviens vous allez en re-re-re-manger - les citations utilisées dans cet article en sont toutes issues)

Je vous propose aujourd'hui un petit listing de confusions histoire d'alimenter votre réflexion sur la question.
Alors je vous préviens, cet article est LONG, très long. Et je sais à quel point il n'est pas facile de lire de longs articles sur un écran. Mais je n'ai pas réussi à le découper tant pour moi tout est lié et participe d'une même idée que je ne me voyais pas vous transmettre autrement qu'en une fois. Libre à vous de lire chapitre par chapitre ou d'une traite si vous en avez le courage ;-)


Bref, à mon humble avis
Faudrait pas confondre :


Offrir des choix et laisser l'enfant décider de tout :


Rendre à l'enfant les rennes de sa vie.
Pour se faire, un parent qui pratique l'éducation bienveillante veille à laisser un maximum de choix à l'enfant en ce qui le concerne.
Mais laisser des choix ne veut pas dire demander son avis à l'enfant pour tout ce que l'on fait.

A un moment donné, pour chaque geste du quotidien, je demandais quasiment la permission à ma fille :
"On va s'habiller ?"
"On y va ?"
"On va manger?"
J'ai remarqué un jour que toutes mes phrases "directives" finissaient par "d'accord?" : "On va au parc mais d'abord je vais aux toilettes, d'accord?"

Pour moi c'est très pernicieux.
D'une part parce que, en gros, c'est l'enfant qui valide l'emploi du temps du parent en plus du sien (les deux étant souvent liés).
D'autre part parce que, ce n'est pas toujours honnête. Ces questions, ces choix que l'on offre, n'en sont pas toujours réellement.

Je vous donne un exemple.
Irène a prévu de passer l'après midi chez une amie dont le fils Joseph, s'entend très bien avec Jesabeth, sa fille. Elle doit partir à 16h pour honorer un rendez-vous. L'après midi se passe bien, les enfants jouent et à 16h00, Irène va voir Jesabeth:
"On y va ma puce?
- Non !
- Mais je dois aller à mon rendez-vous.
- Je veux pas y aller !
- Non allez ! On met le manteau ? Ou tu préfères mettre les chaussures d'abord ?
- Rien !!!
- Mais je vais être en retard !!
- Encore 5 minutes !
- Bon ok...
[7.5 minutes après]
- Ça fait 5 minutes, allez, on y va ma puce ? 
- Je reste ici moi, vas y sans moi.
- Allez, on met les chaussures ?
- Non !
- Bon ben j'y vais...
- ok à plus maman.
- Bon allez tu viens ? on y va ?"
Etc.
Ça dure des plombes, et Irène se retrouve petit à petit dans une situation où elle justifie sans fin sa décision auprès de sa fille et elle tente par tout les moyens de la convaincre de décoller parce que, sous prétexte de ne pas la brusquer, elle ne bougera pas sans son aval. Et bien sûr elle arrive en retard à son rendez-vous.
Une situation où sous prétexte de respecter Jesabeth, en ce disant qu'elle ne veut pas imposer sa décision mais obtenir la collaboration de sa fille, Irène ne se respecte pas et ne respecte pas la personne auprès de laquelle elle s'est engagée. Et ce n'est pas non plus respectueux de Jesabeth parce que, en vrai, de par son engagement, le choix, il n'existait pas et Irène fait peser sur sa fille le poids d'une décision qui lui échappe dès le début, ce qui est malhonnête.

Je vous donne cet exemple mais ce genre d'habitude peut ponctuer le quotidien.
Ce n'est pas parce qu'on a pas un rendez-vous urgent que l'on a pas la légitimité de poser des jalons.

J'ai souvenir pour ma part d'avoir passé 20 minutes minimum tous les soirs en rentrant de chez la nounou pour attacher ma fille dans la voiture. Après ma journée de travail, alors que j'avais la tête comme un ballon, je la laissais jouer dans la voiture, puis je négociais des plombes pour qu'elle accepte de venir dans son siège, puis je négociais des plombes pour qu'elle accepte de se laisser attacher. C'était épuisant et j'avais la sensation de perdre un temps fou alors que les soirées étaient déjà assez "timées" comme ça. Quand j'ai voulu revenir là dessus, il m'a été très difficile de faire comprendre à ma fille que je m'ennuyais à mourir et que ça me stressait quand on restait devant chez sa nounou et qu'elle jouait dans la voiture, puisque j'avais toujours agi comme si c'était quelque chose que j'acceptais. Encore une fois : je n'étais pas honnête et je ne me respectais pas.
Aujourd'hui nous allons au parc ou en promenade en sortant de chez la nounou et je mets une limite de temps dès le départ selon l'heure et le besoin du moment. Je respecte son besoin d'avoir un sas de décompression avant de rentrer, ça me fait du bien aussi, à Raoudi aussi, nous nous amusons ensemble, on se reconnecte, pendant les beaux jours on côtoie aussi d'autres gens, on prend l'air, tout le monde est content.

La bienveillance ne nous oblige pas à tout négocier, tout marchander avec nos enfants.

On est pas forcé non plus de tout justifier auprès de nos enfants.
La question avait été posée lors d'une conférence animée par une psy haptonome que j'apprécie beaucoup et sa réponse avait été : "Non, en tous cas pas avec les plus jeunes, car ça leur donne le goût de la discussion. C'est comme ça, c'est tout".
Provoquer le gout de la discussion, j'en suis témoin. Je peux vous dire qu'en effet, Minimog discute et négocie à peu près tout (et elle est particulièrement douée pour ça!). Néanmoins, cette idée du "C'est comme ça, c'est tout", j'étais pas fan. J'en ai parlé lors d'une séance privée avec cette même psy en lui disant que pour moi, c'était important que l'enfant comprenne pourquoi on lui demande de faire telle ou telle chose et qu'il/elle y adhère de son plein gré, que pour moi "C'est comme ça, c'est tout" c'est un peu "Tais toi et obéis". Elle m'a dit : "Non, c'est plutôt [elle pose sa main sur mon épaule et me regarde dans les yeux en me souriant] : "Fais moi confiance". Je me suis dit en tous cas que rien ne servait de justifier tout tant que l'enfant ne questionne pas. Ce qu'ils font rarement avant quelques années en fait. Parce que parfois, l'enfant adhère de lui-même, parce que oui, il/elle nous fait confiance.

Et puis on peut poser des jalons sans les imposer par la force et de manière unilatérale. 

Reprenons l'exemple du début avec une solution bienveillante qui garde chacune des protagonistes dans son juste rôle, ne pousse pas à négocier et respecte tout le monde.
Irène [pendant le repas] - nous allons chez mon amie cet après-midi, tu verras son fils Joseph, tu te souviens de lui ? [blabla]. Par contre j'ai un rendez-vous après, nous devrons partir à 16h.

Irène [à 15h50] - Et ben, Jesabeth, Joseph vous vous amusez drôlement bien ! Chérie, nous n'allons pas tarder à partir pour mon rendez-vous, il vous reste 10 minutes pour finir votre jeu.

Irène [à 16h] - Jesabeth, nous devons y aller !
Jesabeth -Non ! J'ai pas envie !
Irène - C'est difficile de partir quand on s'amuse bien. Je vois que tu t'entends à merveille avec Joseph, il faudra revenir plus souvent.
Jesabeth - Mais je veux rester un peuuuu! Sitôpléééé!
Joseph - Sitôplléééééééé !
Irène - Je te rappelle que j'ai pris un engagement, je tiens à le respecter, nous devons partir maintenant. Joseph, si ta maman est d'accord, ça te dirait de venir chez nous la semaine prochaine ?
Joseph et Jesabeth - Oh oui !
Irène - Ok, on en reparlera avec ta maman.
etc.

Ne pas employer la négation et ne rien refuser


Ça parait bête mais : ne pas dire "non" à l'enfant, cela ne veut pas dire, dire "oui" à tout. 
On conseille de ne pas employer la négation parce qu’apparemment, le cerveau d'un enfant ne sait pas la gérer. Mais on parle bien de la forme et pas du fond.
Remplacer "Ne va pas là-bas" par "On reste ici" : la limite reste la même, c'est la façon de la poser qui est différente.

Oups, pardon, j'ai employé le mot "limite". Houlààààà tabouuuuuu !
Et pourtant, mes excuses mais, des limites, il en faut. Alors on pourra appeler cela un cadre, des règles, des consignes, mais tout cela comporte.... des limites.

Qui parle de limite parle aussi de liberté. Personnellement, j'ai pendant longtemps été quasi obsédée par l'idéal de laisser ma fille la plus libre possible. Et à force, je me demandais si on pouvait réellement laisser trop de liberté à un enfant.

On m'a dit que donner trop de liberté, trop de pouvoir de décision, pas assez de limites : c’était angoissant pour un enfant. Je ne comprenais pas pourquoi. C'est un extrait du concept du continuum qui m'a offert un angle de vue bienveillant sur l'importance des limites face à cette overdose de liberté.


"La permissivité prive constamment les enfants de la notion d'une vie centrée sur l’adulte où ils pourraient trouver la place qu'ils cherchent, où leurs actions seraient acceptées et leurs actions indésirables rejetées, alors qu'eux-mêmes seraient toujours acceptés [...] un enfant cherche à savoir ce qui est bien et ce qui est mal. S'il casse une assiette, il a besoin de constater une certaine colère ou tristesse vis-à-vis de cette destruction, mais pas de se voir baisser dans l'estime de ses parents - comme si lui-même n'était pas assez triste ou fâché contre lui, et comme s'il n'avait pas pris de lui-même la décision d'être dorénavant plus prudent.
[...]
Ensuite, si les parents "patients" ne peuvent plus tolérer son comportement, il est possible qu'ils refoulent toute leur passivité sur leur propre enfant en lui disant par exemple qu'ils en ont assez de lui et qu'il doit disparaitre de leur vue. Son comportement antérieur toléré était en fait mauvais ; ses parents avaient déguisés leurs sentiments mais finalement la méchanceté irrémédiable de leur enfant les a obligé à avouer leur désapprobation."


On en revient à cette histoire d’honnêteté. Même les parents les plus cool ne peuvent tolérer que leur enfant fasse tout ce qu'il veut. Ne pas lui inculquer de limites et tolérer toutes ses actions est un mensonge envers l'enfant et envers nous-mêmes. Et quand la vérité éclate - souvent quand la coupe est pleine - nous sommes nombreux à - a contrario - user d'une violence psychologique ou physique que pourtant nous rejetons mais que nous ne maitrisons plus.

De plus, le rôle du parent est d'éduquer. Éduquer l'enfant c'est lui apprendre à vivre dans le monde. Or, dans le monde, on est pas tout puissant.
Faire croire le contraire à l'enfant, ce n'est pas bienveillant. La bienveillance se situe dans la façon - positive, constructive, autonomiste - dont on va amener l'enfant à sentir les bords du cadre.


Envie et besoin


C'est une distinction qu'il n'est pas toujours facile d'opérer, surtout avec un jeune enfant. Et pourtant elle a son importance. Pour illustrer mon propos je vais reprendre Irène en m'inspirant d'un fait réel dont j'ai eu connaissance.

Irène a deux enfants, Jesabeth l'aînée de 4 ans et Joseph le cadet de 18 mois qui souffre de problèmes de santé nécessitant une assistance particulière. Un jour Irène avoue à ses copines qu'elle ne mange presque plus. Lors des repas elle assiste Joseph mais en plus Jesabeth veut que sa maman lui donne à manger. Si bien qu'elle n'a pas le temps de manger elle même pendant les repas et quand elle le peut enfin, elle est tellement épuisée qu'elle n'arrive plus à rien avaler. Mais Irène dit qu'elle doit répondre aux "besoins" de ses enfants.
Sauf que... Jesabeth à 4 ans, elle n'a pas besoin qu'on lui donne à manger, elle en a envie. Irène par contre, a besoin de manger. D'autant que sa vie de maman lui prend beaucoup d'énergie.
Faut-il pour autant considérer l'envie de Jesabeth comme un caprice ? Non, cette envie cache sûrement un besoin profond : vraisemblablement celui d'avoir un peu sa maman pour elle, elle qui est si prise avec ce petit frère qui demande tant d'attention. Mais ça, Irène peut y répondre autrement ; en trouvant une solution qui, encore une fois, permet à chacun de rester dans son rôle et qui peut même valoriser Jesabeth en tant que "grande" plutôt que de la conforter dans ce rôle de faux bébé assisté dans lequel elle s'est mise pour obtenir l'attention de maman. Ce faisant, Irène pourrait montrer à Jesabeth qu'elle aime sa fille pour ce qu'elle est, sans qu'elle devienne un ersatz de son petit frère.
Et puis une chose est certaine, Jesabeth n'a pas besoin d'un assistant pour manger mais elle a besoin d'avoir une maman en bonne santé et heureuse à ses côtés. 

A trop vouloir répondre aux envies de nos enfants on peut passer à côté du besoin réel dont elles sont l'expression. 

"les enfants consacrent énormément d'énergie à essayer d'attirer l'attention mais pas parce qu'ils en ont besoin en tant que telle. Ils veulent signaler que leur expérience est inacceptable et pour y remédier, essaient d'attirer l'attention.[...] une attention parentale qui engendre des signaux plus nombreux et plus intenses chez l'enfant est donc une forme d'attention tout à fait inadéquate"


Être disponible et être à disposition


Dans le Concept du continuum, Jean Liedloff explique que les mamans Yekwanas vivent leurs occupations, que leurs enfants vivent leurs vies, et que ces derniers ne sont pas toujours dans leurs pattes car ils savent pouvoir compter sur leur disponibilité quand ils en ont besoin.

Mais être disponible ne veut pas dire être à disposition permanente.

Je suis tombée moi-même dans ce travers qui faisait que, en présence de ma fille, j'interrompais tout dans la seconde pour répondre aux moindre de ses besoins/envies. 

Un exemple flagrant, c'était les conversations entre adultes. Je me rappelle avoir lu dans un témoignage de Deirdre Bergeron que son père interrompait toujours ses conversations avec les autres adultes quand un enfant le sollicitait. Elle disait d'ailleurs que ça agaçait les gens. Je faisais pareil.... Et j'ai fait marche arrière depuis.

D'une part parce que, en effet, ce n'est pas respectueux de la personne à qui on parle. J'ai eu l'occasion à mon tour d'avoir une discussion, parfois d'importance, avec un parent qui s’interrompt brutalement à chaque sollicitation de son enfant, même quand on est au milieu d'une phrase ou qui se laisse tellement sur-solliciter qu'il essaye d'être avec vous et avec lui/elle et au final n'est vraiment avec personne: on se sent assez vite agacé et diminué (un peu comme quand on vous "écoute" en bidouillant son portable...).
Ensuite parce que, dans l'idée de donner à l'enfant sa juste place, il y a une marge entre "tu es moins important que les autres" et "toi seul est important".
Je constate que, Minimog ayant eu l'habitude que tout s'arrête pour elle, si je ne réponds pas de suite à sa demande, elle envahit la conversation, et elle n'hésite pas à nous couper la parole dès qu'elle a besoin du moindre truc... 

Désormais quand ma fille me sollicite, je laisse le temps à la personne en face de finir ou à moi de finir ma phrase, je m'excuse auprès de mon interlocuteur, je reçois le message de ma fille, j'y répond  ou si quelqu'un d'autre est plus disponible je lui dis ("je discute avec Charlie, tu peux aller voir papa") ou je remets à plus tard ("je discute avec Charlie, je ne suis pas dispo. Je vois que c'est important pour toi. On prendra le temps d'en reparler à la maison" - rarement quand même, à son âge, "plus tard"... c'est tendu). Si elle veut jouer avec moi je lui dis que je ne suis pas dispo et lui demande de trouver une occupation qu'elle peut faire seule, sans forcement lui demander d'aller ailleurs.
Idem si je fais à manger ou autre chose.
Je prends le temps d'être avec elle et de répondre à son besoin mais sans me laisser déborder ni envahir. C'est aussi un pas vers son autonomie.

J'ai toujours passé beaucoup de temps à jouer avec ma fille. A la base, il n'y a rien de mal : jouer ça fait du bien, et prendre le temps de jouer avec ses enfants c'est bénéfique pour eux. Sauf quand on ne fait que ça. Autant il faut savoir laisser parfois de côté les tâches ménagères pour aller sauter dans les flaques avec ses enfants, autant j'ai pendant 2 ans donné à ma fille l'habitude que quand on est ensemble ma priorité était de jouer avec elle. Je ne me flagelle pas pour ça : après des débuts difficiles où je l'ai fui, j'avais besoin qu'elle sente que j'aimais passer du temps avec elle (et moi aussi). Temps qui, avec mon ancien emploi était restreint, aussi je voulais en profiter à fond. Mais il n'empêche que pendant longtemps, elle ne savait pas jouer sans moi et préférais souvent jouer avec moi qu'avec d'autres enfants. Je pensais que c'était dû aussi à son âge, mais Raoudi, qui est un "bébé-continuum" (^_^) est différent : bien plus autonome de ce point de vue - quand il a pris sa dose de maman, il joue de son côté malgré son jeune âge... Plus que sa grande sœur en fait.
Sur les conseils de ma psy hapto, dès ses premiers mois, j'ai modéré mon maternage en hésitant pas à le porter, à répondre à ses appels, sans laisser pleurer, mais en lui laissant aussi des moments de pause où visiblement il était très bien tout seul. Je l'ai pris à des conférences où il restait posé dans un siège ou sur un tapis à regarder, entendre, toucher, sans me jeter un regard et j'étais en confiance. Mais dès qu'il m'appelait, je revenais vers lui. Je constate aussi l'équilibre et la confiance que cela a créé en lui et j'espère garder cela longtemps..

Il faut aussi savoir accepter la frustration de l'enfant.
Une amie m'a permise de partager un bout de la discussion que nous avons eu récemment. Elle travaille à la maison et m'expliquait que parfois, elle laisse sa fille s'occuper dans son bureau à condition qu'elle ne la gêne pas. Mais que souvent, elle finit par la solliciter pour de l'aide ou autre chose.
- Alors je lui dis que je ne suis pas disponible et qu'elle doit s'occuper seule. Elle finit par accepter.
- Super.
- Oui mais de mauvaise grâce.
- Évidemment ;-)..... Et alors ?
- Ben.... Je culpabilise.
- Ben.... Faut pas !

Une chose importante : arrêtons de vouloir que nos enfants soient toujours heureux.
La vie n'est pas un champ de fleurs, et c'est ce qui la rend si belle. Il faut avoir de mauvais moments pour apprécier les bons. Il faut expérimenter le manque d'une personne pour apprécier sa présence.
C'est. pas. grave.
Un enfant qui accepte de mauvaise grâce est un enfant qui accepte. Ça l'embête peut-être mais ça ne veut pas dire qu'il ne comprend pas.
J'ai d'ailleurs un peu vanné ma copine en lui rappelant que je la sollicitais plusieurs fois par an pour la voir et qu'elle répondait par la positive assez rarement et que c'était très frustrant pour moi. "Pour autant tu ne sautes pas dans ta voiture pour venir me voir sous prétexte que je vais être déçue  ! ;-)". A chaque fois je suis déçue, oui, mais je connais ses raisons et j'ai choisi de les respecter. C'est la vie.

La bienveillance c'est d'accepter que l'enfant soit contrarié, de lui laisser l'opportunité de l'exprimer et de lui monter qu'il est pris en considération.
" Ma chérie, je dois finir un travail important et j'ai besoin de calme. Tu as le choix : soit tu finis ton ouvrage seule, soit tu tiens à le faire avec moi, dans ce cas il faudra attendre que je sois disponible. Après manger par exemple".
Les enfants n'ont pas besoin qu'on réponde à tous leurs besoins. Ils ont besoin de se savoir entendus et respectés.



Etre à l'écoute des émotions de l'enfant et être à l'affût du moindre signe pour anticiper sur des besoins non exprimés.



J'entends par là bondir à chaque fois que l'enfant manifeste un malêtre et surtout anticiper sur ce dont il pourrait avoir besoin.

Exemple : pendant cette grosse phase de remise en question, on est dans la voiture, tout à coup Minimog chouine un coup dans mon dos et je m'entends dire du tac au tac : "Qu'est-ce qu'il y a ? Ça va pas ?"
Et là je réalise qu'elle a juste chouiné. Qu'elle n'a rien demandé, ne m'a pas appelé ni sollicité et que c'est moi qui ait bondi comme un félin à l'affût. En fait à ce moment je me rends compte que je fais ça... tout le temps. 

Ce faisant je ne lui laissais jamais l'opportunité de venir par elle-même, ou tout simplement de trouver par elle-même comment surmonter son malêtre puisque je m’immisçais systématiquement dedans.


"Veux-tu avoir ça ?", "Veux-tu faire cela?", "Qu'aimerais-tu manger?", "Comment veux-tu t'habiller ?", "Que veux-tu que maman fasse ?". J'ai connu une jolie petite fille de deux ans et demi, éduquée de cette manière. Pour commencer, elle ne souriait jamais. tout ce que ses parents lui proposait pour lui faire plaisir se soldait par des mécontentements et des refus obstinément répétés. Plus elle les rejetait, plus ils étaient à ses pieds. La fillette n'obtenait jamais de ses parents qu'ils lui montrent l'exemple afin qu'elle puisse en tirer les leçons. Ils la prenaient en effet sans arrêt pour leur guide. ils lui auraient donné tout ce qu'elle voulait mais ils ne comprenaient pas son réel besoin d'être avec eux en tant qu'adultes, vivant leurs vies d'adultes. "


J'ai partagé un séjour avec une petite fille et des parents du même genre que celle qui est décrite. Dès qu'elle râlait, ses parents l'inondait de question pour savoir ce qu'elle voulait. Ils ne la lâchaient pas tant que le problème n'était pas "résolu". Et elle râlait tout le temps. Nous sommes partis à la luge avec cette enfant, pendant que ses parents allaient faire du ski. Déjà, il a fallu convaincre sa maman qui avait du mal à la laisser avec nous, pensant que ce serait l'enfer. En effet ça n'a pas super bien démarré. Au début elle ne voulait rien faire : ni luge, ni bonhomme de neige, ni roulades dans la neige, ni bataille, rien. A ma fille qui insistait pour qu'elle nous accompagne j'ai fini par dire : "Ecoutes, je crois que Jesabeth est contrariée. Son papa et sa maman ne sont pas avec elle, ce n'est pas facile pour elle d'accepter ça. Jesabeth, tu peux attendre ici (à l'endroit d'où nous démarions nos descentes de luge), on est pas loin, si tu as envie de quelque chose, tu n'auras qu'à nous le dire".
On ne l'a pas jugées, on ne s'est pas arrêtées de vivre non plus, on était là, disponibles et on a respecté son temps d'adaptation.
On a fait 10/15 descentes où elle nous a ignoré dans un mutisme buté. Je pense qu'au début, elle a été décontenancée et peut-être un peu contrariée qu'on insiste pas plus. Mais elle n'a pas hurlé, ni fait de colère, ni même râlé. Pour moi, elle digérait la situation. A la 16ème remontée elle nous a dit : "Je veux bien faire de la luge mais plutôt là-bas". Ok, j'ai placé les deux zouzoutes dans la luge et nous sommes passées devant ses parents qui venaient de finir de louer leurs skis en faisant des coucous et des grands sourires.

Je me suis fait la réflexion que quand ses parents cherchaient à résoudre ses soucis, ils ne lui laissaient en fait aucun repli intérieur et aucune possibilité pour elle de surmonter la frustration seule. Ce qui d'une certaine manière empire peut-être encore plus ses râleries.    


Nos envies pour eux et leurs envies à eux. 


Je vais prendre un exemple flagrant, et qui m'a beaucoup occupé l'esprit (qui m'occupe toujours d'ailleurs) : l'instruction et la question de l'école. 
Je n'ai jamais réussi à écrire l'article complet sur tout ce que je reproche à l'éducation nationale mais il serait long. Celles qui me lisent depuis longtemps connaissent mes prises de conscience successives sur la question, notamment la découverte du unschooling qui m'a fait l'effet d'une révélation : c'était Ça qu'il nous fallait ! 
J'ai passé beaucoup de temps et d'énergie à chercher des solutions alternatives à l'école sans trouver la bonne voie, à me ronger les sangs. Et au final, Minimog va à l'école et elle va très bien.

J'ai rencontré récemment une autre maman dont le fils est scolarisé à l'école Montessori des Souris Vertes où Minimog a fait un mois de scolarité. Elle a eu une phrase d'une honnêteté que j'ai beaucoup apprécié : "Je n'ai pas inscrit mon fils dans cette école pour lui, c'est pour moi. Lui il s'adapte à tout, il serait très bien à l'école du quartier. Quand les gens me disent que j'ai choisi le meilleur pour lui je réponds que c'est avant tout à moi que ça fait du bien de le savoir là-bas".
Je dois dire que si Minimog a vécu une très belle expérience dans cette école que j'aime énormément : le retour à l'école classique n'a posé aucun problème. Elle se plaisait là-bas mais pas plus que là où elle est aujourd’hui.

Cette même maman me racontait l'histoire d'une famille : 5 enfants, ferme permaculturelle, unschooling, vie sociale riche, bref: la carte postale de rêve. Le papa est tombé gravement malade et les enfants ont été inscrits à l'école, la maman ne pouvant pas tout assumer seule. Il s'avère que ... les mômes étaient ravis !

J'ai d'ailleurs plusieurs exemples autour de moi de famille où les enfants en non-sco ont fait le choix de retourner à l'école ou de ne pas la quitter. Hélène et Olivier par exemple, que j'avais rencontré sur cette question sont aujourd'hui une famille sco, à la demande de leurs enfants. Pourtant les parents préféraient la vie en non sco. Ils ont eu ce courage et cette honnêteté d'écouter leurs enfants. 

C'est un exemple parmi tant d'autres. Mais vouloir le meilleur pour eux c'est génial. Sauf que la conception du meilleur qui est la leur n'est pas toujours identique à la notre. Il est bon de ne pas confondre nos idéaux et leurs demandes réelles. 

Accepter toutes les émotions de l'enfant  et accepter tous les moyens de les exprimer


Soyons clair.

Un ado en crise n'a pas le droit de parler à ses parents comme à des chiens.
Accepter que son enfant soit en colère et même dépassé par cette colère ne veut pas dire accepter de se faire cracher dessus, taper, insulter. Il y a d'ailleurs une différence entre un enfant qui est submergé d'émotion et qui tape au hasard car il est dépassé par la violence qui est en lui et que l'on peut calmer en le contenant par exemple et un gamin qui tape pour exprimer sa frustration. J'ai connu cette deuxième situation où Minimog me tapait chaque fois qu'elle était mécontente (ce qui arrivait souvent). Or on peut très bien refuser ces situations avec fermeté mais bienveillance. D'ailleurs, pour s'en sortir, je pense que la meilleure solution n'est pas de sévir ni de punir mais en plus d'exprimer son refus catégoriquement et clairement, de faire un travail de longue haleine pour donner à son enfant les outils, les moyens d'exprimer son ressenti autrement, sans jamais nier ce ressenti lui-même.
"Mon chéri, tu es très en colère, vraiment très en colère seulement je ne peux pas t'aider si tu me frappes. Moi quand on me frappe ça me donne envie de sortir de cette pièce pour me protéger". Quelque chose du genre...


" Les enfants les plus frustrés et les plus "contrariants" se comporteront de manière asociale pour signifier qu'ils veulent qu'on leur montre comment coopérer."


Sans compter que de n'exprimer aucun refus peut empirer les choses; Les marques de violence d'un enfant expriment quelque chose. Leur rôle est de faire réagir, d'exprimer de manière maladroite que quelque chose ne va pas. Et il se peut que ce que l'enfant essaye de vous dire c'est précisément, qu'il a besoin de sentir les bords du cadre.


"Si les parents n'opèrent pas la distinction entre les actes désirables et indésirables, l'enfant se comporte souvent de manière perturbante pour les forcer à jouer leur rôle."


Papa, maman, cet espace est trop grand pour moi, je suis perdu(e). C'est comme de mettre un enfant au milieu d'un désert et de lui dire : "Vas y ma chérie, fais ce que tu veux" et on s'en va. L'enfant est libre, mais seul dans cette immensité, sans aucun repère. Par contre si vous l'installez dans une oasis et que vous lui dites "Cet espace de verdure est le tien, c'est là qu'est ta place", l'enfant est placé dans un environnement restreint, mais sécurisant, à sa portée... et riche.

L'autorité utilisée à bon escient, les limites saines et bien posées, c'est aussi transmettre des valeurs.

Et n'oublions pas une chose : pour apprendre le respect de soi à un enfant, il faut déjà commencer par se respecter soi-même.


L'enfant maître de son destin et "les enfants sont nos maîtres".  


Or, pour pouvoir jouer notre rôle, il faut être convaincu de son bien-fondé. Quand il m'arrive de lire des phrases du genre "les enfants sont nos maîtres", j'ai envie de tirer la sonnette d'alarme. (NB: je ne parle pas de la formule "l'enfant est le maître" qui traduit l'autonomie comme fondement des pédagogies actives d'instruction.).
Que l'on rende à son enfant les rennes de son destin et que l'on considère qu'il est maître de sa vie: c'est salutaire.
Que l'on ait un tas de choses à ré-apprendre de nos enfant, qu'ils soient capables de nous donner d'incroyables leçons de vie : ça ne fait aucun doute.
Mais les enfants ne sont pas nos maîtres, ni dans un sens de domination, ni dans un sens de maître à penser.

Ce serait perdre de vue que les guides, c'est nous.  Nous, parents. Pour la bonne et simple raison que l'enfant est programmé pour ... devenir un adulte. Toutes les énergies qui l'habitent et le font avancer : l'esprit absorbant, la soif de savoir, de comprendre, la construction de son cerveau, son incroyable pouvoir d'imitation, etc. tout cela a été généré dans un but : lui permettre de devenir adulte. Notre rôle est d’accompagner nos enfant dans leur chemin vers l'âge adulte, pour les aider à devenir "des hommes et femmes". Ça se traduit différemment selon les cultures, mais c'est toujours le même but.

Nous sommes l'exemple de nos enfants.


"Ces informations le préparent à prendre sa place parmi ses semblables en toute compréhension de son rôle par rapport à eux. Contrecarrer ce puissant besoin en donnant à  [l'enfant] toute votre attention alors que tout la sienne est centrée sur vous engendre en lui une profonde frustration et asservit son esprit. Son attente d'un personnage central, fort et actif autour duquel il gravite est en effet minée par une personne servile, dépendante au niveau émotionnel qui cherche à être approuvée par son [enfant]."


Voir l'enfant comme un idéal, un paradis perdu vers lequel nous devrions retourner est dommageable.

Il/elle est tournée vers son parent en quête de réponses, son parent est tourné vers lui/elle en quête de réponse: c'est un cercle vicieux et non vertueux qui se met en place.

Tout comme, malgré le fait que j'adhère à beaucoup de ses propos, je n'adhère pas du tout quand André Stern se présente systématiquement "comme un enfant de 40 ans". On nage en plein syndrome de Peter Pan et si c'est glamour à entendre et un brin rebelle, dans les faits ça ne me semble pas constructif.
A 40 ans on est plus un enfant. On ne peut plus faire semblant d'être des enfants : nous avons trop de filtres culturels certes, (dont il est bon de savoir se défaire parfois), mais aussi de vécu, trop d'expériences, trop de prises de conscience, en nous pour ne pas être des adultes. Et c'est précisément ce bagage là que nous utilisons pour accompagner nos enfants en leur servant de modèle. Et si à 40 ans on est toujours un enfant alors pour moi, il y a eu un souci dans notre évolution personnelle. Une rupture dans le continuum si j'ose dire...

Accepter toutes les émotions de l'enfant et ne pas accepter les nôtres.


Pourquoi s'échine-t-on à accepter les colères et les débordements de nos enfants alors qu'on se flagelle de ressentir les nôtres ?
Dans l'éducation classique si un enfant fait une colère c'est un capricieux, mais si le parent se met en colère, c'est justifié.
J'en viens parfois à me dire que pour des parents qui recherchent la bienveillance en famille, un enfant en colère c'est un enfant qui souffre et qui a besoin d'aide et un parent en colère c'est un parent qui n'est pas à la hauteur.

Pourtant, notre colère a le même rôle que celle de nos enfants : c'est un signal d'alarme.
Je vais encore une fois vous rediriger vers le blog de Sandrine Donzelle que m'a fait découvrir la coupine Gwen et dont j'aime beaucoup les articles qui offrent un angle différent mais éclairant sur les émotions "négatives" et "positives".

Par exemple : 
sur l’optimisme 
et la colère

Et puis je finirai sur cet exemple personnel. pendant des mois j'ai ressenti une colère irrémédiable à l'égard de ma fille. Je ne comprenais pas pourquoi. Quand elle survenait elle me dépassait et comme dit ma fille "elle était plus grande que mon corps alors mon corps lui disait de la faire sortir". Mais d'où venait cette colère qui se muait parfois en agressivité ? Pourquoi tous ces outils de bienveillance que j'avais intégré dans mon quotidien m'échappait ? Je n'étais pas à la hauteur ?
L'article de Gwen m'a beaucoup éclairé et j'ai essayé de me dire "Quand je suis en colère, c'est que ce qui se passe ne va pas dans le bon sens". Alors je cherchais ce que je faisais de travers.
Et puis j'ai eu la réponse quand j'ai craqué pour de bon. Oui, ma colère était le signe de quelque chose qui allait de travers : mais pas dans des situations du quotidien. Ce qui n'allait pas c'est que j'étais épuisée, que mon réservoir était à sec, que je n'avais plus d'espace à moi pour m'épanouir en tant que moi-même et pas dans mon rôle avec quelqu'un d'autre.
Depuis que j'ai pris conscience de ça, je me mets moins en colère, et surtout ma fille a radicalement changé de comportement et elle est beaucoup moins irritante. Comme si j'avais enfin compris.

Conclusion : 


Si je devais résumer l'essentiel dans tout mon blabla ce serait que :
- L'enfant roi n'est pas un statut que l'enfant demande. C'est bien une position dans laquelle le place les parents. Et qui ne répond pas à ses besoins réels. Ils leur appartient donc de porter un regard lucide sur cette question.
- On veut faire bien mais en faisant trop on fait mal(adroitement) et le résultat est souvent des enfants malheureux et des parents malheureux. C'est pas le but.
- L'autonomie ce n'est pas seulement savoir se servir son jus de fruit tout seul. Les enfants n'ont pas besoin que l'on satisfasse toutes leurs demandes, que l'on comble tous leurs manques. Ne pas anticiper sur les besoins supposés de l'enfant, le laisser exprimer ses besoins réels ainsi que d’expérimenter seul d'avoir à traverser des difficultés quand c'est possible participe aussi de son autonomie et du respect de sa personne en tant qu'individu et pas comme une extension de nous parents.
- Il faut savoir prendre du recul pour ne pas répondre à des manifestations d'un besoin qui ne sont pas le besoin lui même et qui pourraient nous mettre sur la mauvaise voie 
- Il est primordial que chacun garde sa juste place et ne pas oublier que l'aboutissement de l'enfant c'est l'adulte.
Ce dont ils ont besoin c'est avant tout d'un adulte fort, qui vit une vie respectueuse pour lui-même, en accord avec ses valeurs pour que de cet exemple, les enfants puisent eux mêmes les réponses à leurs questions de la façon dont ils le veulent. Façon qui va d'ailleurs évoluer au fil du temps.
- Il ne faut jamais perdre de vue que pour apprendre le respect de soi à un enfant il faut commencer par se respecter soi-même car il ne faut jamais perdre de vue que le meilleur moyen de transmettre quelque chose à un enfant c'est par l'exemple.

Et aussi :
- oui, pour certains d'entre nous, c'est difficile.
C'est facile pour moi d’écrire un article dessus puisque j'utilise des exemples sur lesquels j'ai eu le temps de prendre du recul, de réfléchir, et de trouver des réponses.
Trouver la frontière entre envie et besoin est parfois difficile, c'est parfois difficile de ne pas se précipiter (je le fais encore bien trop souvent !), de ne pas projeter des sentiments, des envies, des attentes qui nous appartiennent, etc.
Il n'est d'ailleurs pas dit que toutes les phrases magiques que je propose ici fonctionneraient à coup sûr (je peux vous dire que pour revenir sur certains mauvais acquis à l'époque, j'ai du employer des solutions carrément plus fortes qu'une simple phrase bien formulée) et je n'ai d'ailleurs pas la prétention ici de proposer un panel de solutions mais bien de réflexion.
J'espère néanmoins que cela aidera certain(e)s d'entre vous à avancer.